Le mystère de Sélingué

Sélingué est une ville du sud du Mali, construite artificiellement pour accueillir les nombreux ingénieurs et ouvriers français qui dans les années 80, construisirent un barrage et une centrale électrique. Les Bozos, l'ethnie des pécheurs, déplacés pour laisser place à un lac artificiel, prirent position autour de l'étendue d'eau. Avec le départ des riches blancs, la ville perdu sa modernité et son confort… telle une ville fantôme, dont la nacre fut teinté d'ocre rouge. Les piscines se vidèrent, les courts de tennis ne devenant qu'une surface craquelée. Au bord du lac, les pécheurs continuent leurs ancestrales activités. Creuser les grands troncs pour en faire des pirogues. Jeter de modestes filets sur les maigres poissons qui vivent dans cette mer d'huile chauffée à plein temps. Fumer le butins du jour sur des fours en bidons de tôle. Casser la glace sur des tas de poissons presque frais, assaillis par une nuée de mouches, montés dans les bacs de vétustes camions, à destination—la malheureuse—de la capitale.

Sélingué
Sombre mystère

Le soleil s’est vite levé
Il a pris son envol
Derrière un nuage
En nous laissant la poussière

Dans la fraîcheur du matin
Nous nous glissions sur la pirogue
Boubakar Keita pagaillait
Sans mots dire

De l’horizon avalé par le ciel
Naissait une image légendaire
Sortie du Lockness écossais
En vision cinématographique

La rive, selon la distance
Se voyait en dessins de fines couleurs
S’observait vêtue d’ombres légères
Se distinguait par ses fantômes blanchâtres

Une brume nous entourait
Une surface d’huile nous envoûtait
Lissait de blanches ondulations
Ponctuées de lignes sombres

Le silence y fut légendaire
Comme un antre inaccessible
Dont le mystère est attendu
Quand l’angoisse s’y installe

Précisées par nos regards
Des pirogues s’éloignaient
Pour devenir mirages
Tandis qu’on avançait

Le frottement du bois
Sur une vitre d’eau
Nous emportait par moments
Sur les bateaux que l’on connut

Le soleil vient à notre rencontre
Il revint nous éclairer
Sur cet espace sans fin
Où nous le vîmes comme une lune

En deux endroits, il était taché
Comme pour dire à mes yeux
Tu peux me voir maintenant
Comme tu le pus le 11 août dernier

Par la fraîcheur et l’atmosphère
Je me croyais en Angleterre
Là où les monstres légendaires
Restent encore sombres mystères

1er mars 2000

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

prose en quelques clics

Tintin