Nuit sauvage au Kenya
A Naïvasha, le lac et les terres de camping alentours ne forment qu'un seul et unique territoire, celui des hippopotames…
La nuit "hippo"thétique
On en parle beaucoup
c'est chez nous mignon tout rond
et ça gazouille dans l'eau
Mais libre à tous
de tenter la tente
plantée en territoire hippo
Seul dans un igloo de toile
je ne fais qu'imaginer
quand Ken dit sereinement
qu'il ne faut sortir de nuit
Pour moi ne pas sortir
c'est prévoir l'orage, la pluie
ou l'absence de sécurité humaine
Mais cette raison est bien naïve
il faut juste tout éviter
rester "paisiblement" planté là
Un son de tondeuse légère
grignotement devant le lac
sur une pelouse fraîche
abandonnée des hommes
Deux gardes armés de torches et fusils
courent vers le rivage
fracas dans l'eau noire de la nuit
Dans le sillages des lumières
des formes pataudes
s'enfuient dans l'étendue calme
Tout semble apaisé alors
je m'endort doucement
allégé par une présence salutaire
Je ne sais qu'elle fut l'heure
mais je sens une pression
là tout près de mes pieds allongés
Sursaut instantané
mes yeux s'ouvrent, se pétrifient
j'entends des pas sourds là devant
quelque chose écrase mon piquet de tente
Instantanément position assise
j'écoute cœur battant l'animation
c'est un véritable encerclement
A la lueur des spots lointains
tournant la tête je vois des ombres
cinq silhouettes à quelques centimètres
Calmes, Elles broutent autour
puis s'engagent plus loin
frôlant ma tente de carton pâte
Immobile comme le moindre de mes cils
J'entends un souffle puissant
une gueule gigantesque en activité
là tout contre moi à droite
Ne bouge pas, ne respire pas, pensais-je
un soupçon d'anxiété incontrôlable
Entendent-elles mon cœur battre si fort ?
Si elles sentaient ma chaleur craintive
juste derrière ce mur virtuel
d'une tente qui ne ferait contrepoids
à une gesticulation malencontreuse ?
Mon sommeil revient lentement
A mesure de leur éloignement
vers d'autres pâturages du campement
Nuit courte et sans image
que le son pour seule alerte
livide dans mon sac de couchage
Expérience peu rassurante
agrémentée d'une certaine amertume
quand au matin de mes frayeurs
j'appris que les guides s'étaient réfugiés ailleurs…
10 août 2007
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