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Affichage des articles du juin, 2007

Bamako ou le contaste africain

C'est dans cette ville éclectique que je passais le plus clair de mon temps malien. Une ville gavée de voitures diesels mal réglées, de bouillonnement ethnique et d'émanations angoissantes. Sur les routes principales, les seules goudronnées, empêtrés dans des embouteillages monstres, les Minibus verts (des Toyota hiace pour la plupart ) transportent sans complaisance les voyageurs de la capitale, des banlieues au centre ville. Partout les éboueurs des rues, pieds nus, affublés de vêtements en loque, brûlent des tas d'ordures ménagères, utilisant comme combustible des pneus morts… Tout proches, des commerces éphémères fleurissent comme des champignons, vendant tout ce qui peut se vendre. Comme dans un écrin de poussière et de vétusté, des restaurants libanais brillent d'une occidentalité déconcertante, offrant le faste de la normalité blanche dans ce monde des boui-bouis . Danger public Le minibus vert de la mort Des bancs de métal dessoudés Des portes sorties de l

sous le cerisier japonais

De retour du Mali, des images plein la tête, ma vie française a du mal à démarer… Qu'ai-je manqué tout ce temps ? Tant de choses, qui me seront reprochés… Mais qu'importe ! Je suis ici, là-bas, dans l'ombre ou dans la lumière… c'est ma vie. Neige de pétales Le ciel de gris, de blanc Laisse glisser le vent Au milieu des arbres bourgeonnants Dans l’antre de ma campagne Sur la vallée du golf Les branches chantent Le saule frétille L’herbe danse enivrée Les oiseaux se cachent vite Contre des troncs inébranlables Moi, je regarde le souffle Faisant vivre ce monde vert Celui que je viens de retrouver Après tout ce sable poussière Laissé dans le Sahel brûlant Je m’assieds sous le cerisier Il est rose d’un bonheur Qui vient avant les autres Et je plonge dans mes rêves De tous ces moments manqués Alors le vent me réveille Par un frisson hivernal Qui me fait penser à la neige À cette montagne snobée Pour rejoindre le désert Mais pour seul pardon D’avoir oublié ce désert blanc Auss

Le mystère de Sélingué

Sélingué est une ville du sud du Mali, construite artificiellement pour accueillir les nombreux ingénieurs et ouvriers français qui dans les années 80, construisirent un barrage et une centrale électrique. Les Bozos , l'ethnie des pécheurs, déplacés pour laisser place à un lac artificiel, prirent position autour de l'étendue d'eau. Avec le départ des riches blancs, la ville perdu sa modernité et son confort… telle une ville fantôme, dont la nacre fut teinté d'ocre rouge. Les piscines se vidèrent, les courts de tennis ne devenant qu'une surface craquelée. Au bord du lac, les pécheurs continuent leurs ancestrales activités. Creuser les grands troncs pour en faire des pirogues. Jeter de modestes filets sur les maigres poissons qui vivent dans cette mer d'huile chauffée à plein temps. Fumer le butins du jour sur des fours en bidons de tôle. Casser la glace sur des tas de poissons presque frais, assaillis par une nuée de mouches, montés dans les bacs de vétustes c

Maliennes de mes visions

La culture malienne, c'est aussi le rapport homme-femme . Un rapport compliqué et étonnant pour nous européens. La femme de France, après tant de combats, s'est forgée un caractère indépendant. Comment imaginer une seconde qu'une française puisse laisser la chaise sur laquelle elle allaite l'enfant, à l'homme qui entre dans la concession, quel qu'il soit ? Comment imaginer que de se lever pour aller à l'unique robinet d'eau clair pour remplir son verre soit considérer non comme une marque d'égalité, voire de respect, mais comme un affront à cette femme qui ne peut supporter qu'on lui retire cette honneur de servir ? La femme malienne, par sa beauté et sa gentillesse reste une princesse. Mais le moindre geste qu'on voudrait galant ici, devient mépris là-bas… Comment lui rendre la pareille alors ? L’archaïque Voir toutes ces femmes obéissantes Qui travaillent sans relâche Enfermées dans la concession Voir ces femmes grandes et belles Ne pas

ce qui vit au Mali

Souvent on me demande si la violence est quotidienne en Afrique et notamment au Mali. En fait de violence, le peuple dans sa grande majorité, ne laisse pas le voleur impuni . La vindicte populaire est monnaie courante. Malheur à celui qui se découvre, car au cri de colère “au voleur”, la foule répond instantanément, formant une masse compacte autour des protagonistes, armée de barres de fer, de fouets… et dans un chahut incroyable fait le procès dans la rue. Si le présumé coupable l'est effectivement, il lui reste une lueur d'espoir en l'arrivée de la police pour rester en vie et finir sa journée protégé entre les quatre murs de la prison. Au pire le condamner subit la loi châtiment de l'Article 320… Ne reste au voleur que la ruse, l'escroquerie, lui permettant la fuite avant que la victime ne se rende compte du préjudice… Et j'en fis les frais une fois ! Article 320 Pendant de funestes événements Seulement de 1991 Et même de 1996 Les jeunes Maliens Usés pa

De retour en France… depuis le Mali

Dualité caractérielle Ici en France Je ne suis pas le même Introverti et solitaire Bercé dans un univers Où le silence est roi Protecteur des consciences Rempart des sentiments Apparence de la sérénité Mais tout cela n’existe pas Tout cela n’est qu’un jeu Pour protéger son ego Ne pas sembler différent Fondu dans la masse Malgré l’individualisme rampant Inscrit dans l’absurde De la consécration du moule D’une normalité appauvrit Dans mon pays Depuis que je suis revenu Je suis redevenu français Avec mes habitudes visibles Sectaires et indolores Noyé dans le monde normal Où il faut être normal Ne pas se faire remarquer Au risque d’être marginalisé Mon caractère explosif Expression fantomatique Est resté en Afrique Dans les longues négociations Les approches directes Et ici, chez moi Tout se cache derrière un visage Pour ne pas choquer, ni agresser Avec une futilité naturelle J’ai repris ce rythme régulier Qui m’imposait le départ Vers la plénitude africaine Et dans la forêt dévastée Sur l

mali de mon univers 2

Sahel rose Il fait plus chaud Depuis une semaine Dans le Sahel Au bout du monde Tout semble venir De la dune rose De Gao la Songhaï D’où viennent les Touaregs Ça vient de la porte du désert Ce petit morceau pur Là-bas sur l’autre rive Du côté de Tombouctou J’ai adoré ce sable Rose comme l’aurore Juste au bord du Niger Qui coule malgré ça Quand je suis reparti Je pensais laisser derrière Le désert et mes rêves D’explorateur inconscient Mais à mon retour Vers la capitale malienne Une vague brûlante Nous a poussé plus vite Au premier arrêt Quand Mopti apparaissait Nous étions déjà embaumé Par la brûlure du vent sec Passe encore la journée Quand à l’ombre d’un Sahel On peut reposer la peau En début d’après-midi Passent encore les journées Bien chargées à marcher Dans les cases isolées Du Marché Washington Mais rien de pire Qu’un voyage en bus Enfermé dans un aquarium À ne plus pouvoir dormir Et ce vent qui se fait rare À l’arrivée du car Dans la circulation lourde Des minibus verts de Bama

Mali de mon univers

En quelques mots, voici ce qui vivait en moi, quand en l'an 2000 je traversais pour trois mois le Mali, terre de mes amis, de mes frères… Vaste pays parmi les plus pauvres du monde, le Mali est d'une richesse humaine sans égal. La vie est une journée et toutes les rencontres sembles les dernières. Tout n’y fait rien La vie ne vaut rien ici Rien, comme le temps Rien comme l’espace Rien, comme le futur Rien ne vaut cette journée C’est ici un pléonasme Car ce qui n’est rien ici C’est tout ce qui est Je vins, je viens, je viendrais Que cela veut-il donc dire Dans ce monde noir Où tout semble arrêté ? Chaque jour est savouré Comme on suce un bonbon Sans penser à ses dents Par pure gourmandise « Je me suis réveillé ce matin Je peux marcher, parler Alors cette bénédiction Je dois en profiter maintenant Mon but est de manger Donc de gagner suffisamment d’argent Pour au moins me nourrir ce jour Sachant qu’il va finir Je vis au jour le jour Sous ce soleil, qui brûle pourtant Et le soir,